Le néocomien sauvé
Après une lutte de plusieurs années, François PELLETANT et les associations de protection de l’environnement obtiennent la sauvegarde des nappes d’eau pures que la société IBM voulait exploiter pour des usages industriels.

Située à 800 mètres sous terre, la nappe profonde du Néocomien s’étend approximativement d’Orléans à Verdun jusqu'à la Manche. Elle est demeurée inexploitée (à l’exception de quelques pompages accordés au Centre de l’Energie Atomique et à la SNECMA pour des raisons stratégiques liés à la Défense Nationale) et protégée de toute pollution jusqu'à ces dernières années.

Cette nappe d’eau naturelle, âgée de plusieurs millions d’années, est la dernière réserve d’eau potable de l’Ile de France. C’est pourquoi, elle a toujours été préservée pour servir à l’alimentation de la population en cas de catastrophe (pollution des eaux de surface, désastre nucléaire, bactériologique ou chimique...)

Pour nettoyer ces microprocesseurs, l’usine IBM de Corbeil/Essonnes a besoin d’une eau parfaitement pure. Cette entreprise affirme que les compagnies de distribution ne sont pas en mesure de lui fournir cette eau ou alors pour un coût exagérément élevé. IBM envisage alors de s’approvisionner directement dans le sous-sol francilien, estimant que son captage serait minime par rapport à la quantité d’eau contenue dans la nappe.

Aussi, en 1993, la société TERRE, agissant pour le compte d’IBM, dépose auprès de la préfecture de l’Essonne une demande d’autorisation de forage de la nappe.

IBM sous entend que faute de cette autorisation, l’usine devra probablement fermer ses portes, n’étant plus alors assez compétitive sur le marché international.

Une autorisation préfectorale a été accordée en juillet 1994, portant sur le forage de 3 puits et le pompage de 2,7 millions de m3 d’eau par an. A cette époque, la nappe n’était pas du tout protégée. Mais le 20 septembre 1996, une nouvelle réglementation - le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) - est mis en place par le Préfet de Région. Le SDAGE affirme que la nappe du Néocomien doit être exploitée " de manière à préserver impérativement sa fonction de secours pour l’alimentation en eau potable de la région Ile de France " et prescrit de n’y autoriser que les forages destinés à " l’alimentation en eau potable, aux usages d’exigence équivalente (agro-alimentaire), ainsi qu’aux prélèvements avec réinjection ".

la Lyonnaise des Eaux affirmant qu’elle est tout à fait capable de produire une eau de qualité compatible avec l’usage qu’IBM veut en faire (et à un coût bien inférieur à ce qui est avancé par la société américaine), a attaqué un arrêté d’autorisation des forages qui a été annulé en octobre 1996. A cette époque, un des trois forages était déjà en exploitation.

IBM va donc lancer une offensive par l’intermédiaire de la société TERRE. Elle obtient un arrêté d’autorisation provisoire le 16 avril 1997 afin de régulariser le seul forage existant (1,2 million de m3 d’eau par an). Puis, la société TERRE dépose un nouveau dossier de demande d’autorisation pour les trois forages.

Elle espère profiter de l’imprécision des textes, et notamment du SDAGE qui, tout en fixant le principe général d’une protection, ne donne pas d’interdiction précise.

François PELLETANT, Conseiller général – Maire de Linas, et plusieurs associations (ADEMO, Essonne Nature Environnement…) se lancent dans la bataille et réclament la révision du SDAGE afin d’interdire strictement tout abus d’exploitation des nappes d’eau profondes et faire barrage à IBM. De nombreuses signatures sont recueillies auprès de la population, une motion présentée par François PELLETANT est adoptée par l’Assemblée départementale…

Monsieur André SANTINI, Président du Syndicat des Eaux d’Ile de France réagi lui aussi et une mobilisation très large des populations prend peu à peu forme pour soutenir les demandes de révision.

Le combat durera près de 3 ans et le 19 octobre 2000, le Préfet de Région signe l’arrêté de mise en révision du SDAGE.

C’est une première victoire pour François PELLETANT.

Après un travail de 2 ans du comité de bassin Seine-Normandie auquel François PELLETANT a participé activement en tant que membre permanent , des règles restrictives sont élaborées afin d’interdire toute exploitation abusive de l’eau du Néocomien.

A l’été 2002, le nouveau SDAGE a été approuvé, protégeant la nappe du Néocomien en appliquant le principe de prévention. Ainsi, il est retenu dans le nouveau SDAGE de préconiser que la nappe de l'Albien et la nappe sous-jacente du Néocomien soient considérées ressources d'importance stratégique, notamment pour l'alimentation de secours en eau potable.

A cette fin, les nappes de l'Albien et du Néocomien feront l'objet de propositions de prescriptions spéciales sur les prélèvements autorisés (cf. article 9 de la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992) qui seront détaillées ultérieurement au titre des aspects quantitatifs,

Il est convenu également d'actualiser et de compléter les études sur ces deux aquifères, notamment :

- par la réalisation d'un modèle mathématique prenant en compte les deux formations jusqu'à leurs limites géologiques,

- par l'établissement d'un plan de secours d'alimentation minimale en eau potable à partir de ces ressources.

Après plusieurs années de lutte sans relâche, François PELLETANT et les associations de défense de l’environnement ont obtenu la sauvegarde des ces nappes d’eau qui pourront servir à l’alimentation de la population en cas de nécessité.